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Fatigue : attention à l’anxiété et à la dépression

Fatigue, stress, dépression, anxiété… Ces symptômes, souvent intriqués, font régulièrement la une en tant que « maux du siècle », sans qu’on en comprenne toujours la portée. Comment les définir ? Quand s’inquiéter ? En quoi sont-ils liés ?

Fatigue, anxiété et dépression : c’est grave docteur ?

D’abord, de quoi parle-t-on ? Je suis fatigué, déprimé, stressé, anxieux….Ces termes sont souvent lâchés dans les conversations quotidiennes, parfois à la légère.

Pourtant, ces différents symptômes, s’ils persistent, doivent être pris au sérieux, d’autant plus lorsqu’ils surviennent tous ensemble, et altèrent la qualité de vie et le fonctionnement au quotidien. Qu’on se le dise, il n’est pas normal d’être continuellement fatigué ou anxieux !

  • La fatigue : manque de sommeil, journées trop chargées et rythme effréné, pas étonnant que l’on se sente souvent fatigué. Si la fatigue occasionnelle est tout à fait normale, il faut prendre les choses en main si on se sent fatigué dès le réveil, malgré une bonne nuit de sommeil, que l’on somnole facilement durant la journée ou que la fatigue entrave nos activités quotidiennes. Évidemment, nul besoin de s’affoler si l’on se sent patraque après un rhume ou des nuits écourtées. Mais si la fatigue persiste plusieurs semaines malgré le repos, une consultation s’impose.
  • L’anxiété : le terme peut désigner divers degrés de nervosité, d’appréhension et d’inquiétude. L’anxiété sévère peut rendre une personne totalement « dysfonctionnelle », alors qu’une anxiété légère peut être ressentie comme un vague sentiment de malaise, parfois mal identifié. Être anxieux avant un examen, un changement de travail, ou toute autre épreuve de la vie n’a rien d’anormal. En revanche, il faut réagir si l’on ressent une inquiétude persistante, sans raison évidente, qui a un impact sur le sommeil ou la qualité de vie, ou que l’on se sent dépassé par son anxiété.
  • La dépression : Là encore, le mot dépression peut être employé dans le langage commun pour désigner aussi bien une déprime qu’une maladie grave. Pour les médecins, en revanche, la dépression, aussi appelée « trouble dépressif majeur », répond à des critères bien précis de diagnostic. C’est un état de profonde détresse qui persiste pendant plusieurs semaines.

Fatigue et dépression : le cercle vicieux

Dépression et fatigue vont souvent de pair. Pire, elles peuvent « s’alimenter » l’une et l’autre, comme l’ont montré des chercheurs européens dans une étude publiée en 2004 dans Psychosomatic Medicine.

Leurs travaux, menés auprès de 3200 personnes pendant un an, ont montré que les personnes souffrant de dépression sont 4 fois plus susceptibles que les autres de souffrir de fatigue inexpliquée. Inversement, les personnes souffrant de fatigue chronique sont trois fois plus susceptibles de développer une dépression.

On comprend en effet qu’une fatigue persistante puisse entraîner une détresse psychologique, qui peut se transformer en vraie dépression. À l’inverse, la dépression s’accompagne souvent d’insomnies ou de troubles du sommeil qui aggravent la situation.

Comment différencier fatigue et dépression ?

Si fatigue et dépression sont souvent associées, les deux entités ne sont pas synonymes.

La dépression se définit avant tout par une tristesse, une humeur morose et un manque d’entrain, y compris pour les activités plaisantes d’habitude. L’inquiétude excessive (anxiété) et la fatigue surviennent souvent de façon secondaire, ou en « accompagnement » d’autres symptômes.

Ainsi, un diagnostic de dépression repose sur la présence d’au moins cinq de ces symptômes, présents pendant une même période d’une durée de deux semaines :

  • une humeur dépressive, présente pratiquement toute la journée, presque tous les jours;
  • une perte d’intérêt ou de plaisir pour toutes ou presque toutes les activités;
  • une perte ou un gain de poids significatif en l’absence de régime;
  • une nsomnie ou hypersomnie presque tous les jours;
  • une agitation ou un ralentissement psychomoteur presque tous les jours;
  • une fatigue ou perte d’énergie presque tous les jours;
  • un sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée;
  • une diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer ou indécision;
  • des pensées de mort récurrentes (pas seulement une peur de mourir), idées suicidaires récurrentes…

Des solutions communes ?

Vous l’aurez compris, la fatigue, l’anxiété et la dépression, si elles répondent à des définitions différentes, sont souvent intriquées et peuvent même s’aggraver les unes les autres.

Dans tous les cas, si l’un de ces symptômes ou maladies vous gâche la vie, il faut réagir sans tarder, pour sortir du cercle vicieux.

Les études montrent que la prise en charge de l’un des troubles améliore également les autres, en particulier en ce qui concerne fatigue et dépression.

Les thérapies cognitives et comportementales, par exemple, peuvent cibler l’anxiété de façon efficace et ont aussi une action positive sur les troubles dépressifs, dans bien des cas.

L’activité physique est aussi un bon antidote : même si cela peut paraître contre-intuitif, elle a un effet positif chez les personnes fatiguées, et elle est l’une des interventions jugées efficaces contre la dépression. Enfin, en cas d’anxiété, le fait de faire de l’exercice peut permettre de canaliser l’angoisse et de mieux maîtriser ses pensées. Alors pourquoi ne pas faire d’une pierre trois coups ?

 

*Directrice de la publication : Claire Léost

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